Suite aux luttes des salariés, le législateur a
créé l’allocation de cessation anticipée d’activité pour les
travailleurs exposés durant leur vie professionnelle à l’amiante.
Cependant, cette allocation représente seulement 65% de leur ancien
salaire. Ce taux ne permettant pas de vivre dignement pour la plupart
d’entre eux, des salariés ont alors décidé de réclamer en justice
l’indemnisation de leur préjudice d’anxiété, qui vient couvrir le
sentiment d’inquiétude permanente qu’ils éprouvent face au risque de
déclaration à tout moment d’une maladie liée à l’amiante. Ils ont obtenu
gain de cause : la justice a condamné leur employeur à les indemniser.
Pourtant, le 2 juillet 2014, la Cour de cassation a de manière
inacceptable, exclu des centaines de salariés des chantiers navals de La
Ciotat de cette indemnisation. En effet, les chantiers ont fermé au
début des années 90, entrainant la liquidation judiciaire des
entreprises qui y travaillaient. Les entreprises ayant disparu, la Cour
d’appel d’Aix-en-Provence avait logiquement condamné l’AGS (association
d’assurance patronale qui assure le paiement des dettes des entreprises
en difficulté) à prendre le relais et à indemniser le préjudice
d’anxiété.
Mais le 2 juillet la Cour de cassation casse les arrêts de la Cour
d’appel d’Aix-en-Provence : elle estime que l’AGS n’a pas à couvrir ce
préjudice. Pour empêcher les salariés de se retourner et de développer
d’autres arguments, la Cour de cassation va même, sans respecter le
contradictoire, jusqu’à trancher elle-même des questions qui n’ont
jamais été discutées en appel. Elle laisse ces victimes de l’amiante
sans indemnisation, créant ainsi une inégalité de traitement avec les
salariés victimes dont l’entreprise n’a pas été liquidée. C’est un vrai
drame pour ces salariés aux revenus extrêmement modestes, qui sont
condamnés à rembourser à l’AGS les sommes qu’ils avaient perçues en
appel.
C’est une décision purement politique qu’a prise la Cour de
cassation, c’est un véritable déni de justice. L’AGS est une institution
créée dans le but de payer les dettes des employeurs non solvables,
elle doit donc indemniser les victimes de l’amiante. Par ailleurs, des
centaines d’affaires similaires sont pendantes devant la Cour de
cassation, la CGT demande donc à cette dernière de juger en droit, comme
elle en a le devoir, et non politiquement, et de renvoyer toutes les
affaires devant une nouvelle Cour d’appel pour être rejugées.
Montreuil, le 31 juillet 2014
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