Le 3 juin, le Président de la République a présenté une nouvelle
carte des régions métropolitaines qui par fusion de certaines
passeraient de 22 à 14, schéma contenu dans projet de loi relatif à la
délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et
modifiant le calendrier électoral.
Le 4 juillet, le Sénat votait ce projet de loi (pour : 184 – contre
129), tout en le vidant de son objet, puisqu’il rejetait l’article 1
proposant la nouvelle carte des régions, maintenant donc les 22 régions
actuelles, ainsi que le report des élections régionales et
départementales. Ce rejet par le Sénat est clairement un échec pour le
gouvernement.
Le 23 juillet, l’Assemblée nationale a adopté ce projet de loi
(pour : 261 – contre : 205 – abstention : 85), après avoir notamment
refait la carte des régions (13 régions) et reporté les élections
régionales et départementales en décembre 2015 !
Le périple parlementaire devrait maintenant se poursuivre à
l’automne, après les élections sénatoriales et sans doute un changement
de majorité du Sénat, même si la procédure accélérée, qui a été décrétée
par le gouvernement, permet de se contenter d’une seule lecture par
chambre.
Quelle sera alors la carte définitive des régions ? Nulle ne le sait,
mais tout cela confirme l’analyse développée par la CGT d’une réforme
inacceptable, tant sur la forme que sur le fond.
Au minimum, pour la CGT, cette réforme territoriale, qui aura des
conséquences sur la vie quotidienne de chacun-e, aurait dû être
précédée d’une large consultation publique, associant les organisations
syndicales de salariés et les principaux acteurs de la société civile.
Le gouvernement a choisi de « passer en force », bafouant la démocratie.
Ce débat parlementaire « accéléré » et les nombreuses prises de
positions d’élus, y compris de la majorité, révèlent bien les limites
de cette méthode.
Pour sortir de la crise, les territoires ont plus besoin de davantage
de coopération, d’un développement équilibré et cohérent liant
« industrie – service – service public » que d’une concurrence entres
quelques territoires dits « d’excellence », poussant les autres vers la
désertification.
Dans le même temps, le gouvernement a annoncé, le 2 juillet, une
nouvelle phase de la réforme de l’État visant à réorganiser celui-ci en
fonction de la réforme territoriale, à réduire les dépenses publiques et
à soutenir la compétitivité de l’économie.
Dans la logique gouvernementale, l’État n’aurait plus que trois
missions : protéger les citoyens les plus fragiles, garantir l’égalité
des droits et des chances, et assurer la sécurité et l’exercice des
libertés. Le gouvernement annonce clairement une nouvelle revue des
missions, pour définir les missions fondamentales de l’État et celles
qui devront être abandonnées ou exercées différemment et le niveau
pertinent d’exercice.
A l’échelon régional, l’État se concentrera sur son positionnement
stratégique.
Au niveau départemental, le gouvernement privilégie son rôle de
proximité vis-à-vis de l’usager et « continuera de veiller à la cohésion
sociale et territoriale en offrant un accès rapide à tous les services
publics. » Mais pour lui, la proximité des services publics devrait être
assurée en particulier par les maisons de service au public et les
maisons de l’État. Cette politique conduira à une refonte / réduction
des directions régionales déconcentrées, des directions départementales
interministérielles, des sous-préfectures et d’autres structures
territoriales de l’État.
Cette nouvelle réforme touchera aussi la gestion des agents publics et,
comme pour les entreprises, des mesures de simplification seront prises
tous les six mois.
Pour la CGT, il s’agit d’une réforme d’envergure de l’État et de ses
services, définissant un État minimum, au service essentiellement du
capital, concentré sur quelques missions, avec une refonte complète des
services de l’État au niveau central et en territoire. Au contraire,
pour la CGT, il faut réinventer et renforcer l’État stratège,
développeur et opérateur, plaçant l’intérêt général au cœur de ses
interventions.
Le gouvernement, dans le cadre de sa « politique de l’offre » et pour
répondre aux exigences de l’Union européenne et du capital, entend
adapter, par une réforme globale, l’organisation institutionnelle de
notre pays de l’État aux communes. Cette adaptation aux nouvelles
donnes du capitalisme, de la compétition économique mondiale conduit au
renforcement de l’austérité et à l’accroissement des inégalités sociales
et territoriales. Dans le même mouvement, le gouvernement accorde de
nouveaux cadeaux au patronat avec les 50 milliards du « Pacte de
responsabilité » gagés par la réduction des dépenses publiques, la
révision des seuils pour les Institutions représentatives du personnel
(IRP), la simplification de la vie des entreprises visant pour un
certain nombre de mesures à alléger les « contraintes » réglementaires,
etc.
C’est tout l’édifice du « modèle français » qui est en jeu.
Cette réforme territoriale et de l’État n’est en aucun cas une priorité face à la crise.
Les citoyens, les salariés attendent d’autres « réformes », qui, elles, sont par contre urgentes.
La CGT les appelle à se mobiliser pour gagner ces « réformes »
répondant à leurs besoins, pour relancer l’industrie, rénover les
services publics, développer l’emploi, augmenter le pouvoir d’achat.
Montreuil, le 24 juillet 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire