1895
A la fin du XIXe siècle, le processus de concentration des formes
syndicales s’accélère avec la création de la Fédération nationale des
syndicats (1886) et celle de la Fédération des bourses du travail
(1892). Ces deux conceptions du syndicalisme se rejoignent en 1895 au
Congrès de Limoges. 28 fédérations d’industries et de métiers, 18
Bourses du Travail et 126 syndicats autonomes signent l’acte de
naissance de la CGT avec pour ligne d’action « d’unir sur le terrain
économique et dans des liens d’étroite solidarité les travailleurs en
lutte pour leur émancipation intégrale ».
1902
Jusqu’en 1902, la CGT en tant que confédération n’a que très peu de
substance. Le Congrès de Montpellier adopte une profonde réorganisation
interne. La CGT s’affirme désormais comme l’ensemble articulé des
fédérations du champ professionnel et des unions territoriales.
1906
La grève générale, organisée le 1er mai en faveur de la journée de
huit heures, donne le signal de l’extension des luttes. Au congrès
d’Amiens, un besoin de clarification s’exprime et pousse la CGT à
réaffirmer son identité en défendant un syndicalisme de lutte,
indépendant et à vocation révolutionnaire.
1909
La CGT enregistre avec satisfaction la croissance de ses effectifs et
l’extension de son réseau. L’orientation générale est pourtant
critiquée. Cette crise de croissance porte Léon Jouhaux à la direction
de la CGT et le 5 octobre, paraît le premier numéro de La Vie ouvrière.
1914
Les orientations antimilitaristes et antipatriotiques de la CGT se
heurtent à la puissante vague chauvine qui envahit le pays. Les actions
concrètes menées contre le danger de guerre ne mobilisent guère les
foules. Le 1er août, les principaux leaders syndicaux rallient l’Union
sacrée.
1915-1917
La CGT, bien qu’affaiblie, s’adapte aux nouvelles conditions nées de
la mise en place de l’économie de guerre. Néanmoins, une petite minorité
d’internationalistes se dresse contre la guerre. L’année 1917 connaît
une poussée gréviste exceptionnelle sur fond de révolution en Russie.
1918-1922
Au sortir de la guerre, la direction confédérale assume son
réformisme et la politique de présence, alors que de son côté, la
minorité se place dans le sillage ouvert par la révolution russe. Le
processus scissionniste est à l’œuvre. A compter de 1922, coexistent
deux centrales : la CGT (dite confédérée) de Léon Jouhaux et la CGTU
(unitaire) dont les principaux dirigeants sont Gaston Monmousseau puis
Benoît Frachon.
1934
Crise économique et scandales politiques alimentent la colère
populaire et les ligues d’extrême droite. Le soir du 6 février 1934, la
République semble un instant vaciller. Face au danger fasciste, la CGT,
rejointe par la SFIO et la CGTU, appelle à une grève générale de 24
heures le lundi 12 février.
1935-1936
Les manifestations unitaires du 14 juillet 1935 scellent la
réconciliation de la classe ouvrière toute entière avec la République.
Elles ouvrent la voie au Rassemblement populaire qui cimente les gauches
dans une perspective électorale.
1936
L’unité de la CGT se réalise au congrès de Toulouse en mars 1936.
L’ampleur des défilés du 1er mai préfigure déjà la victoire électorale
du Front populaire. La poussée gréviste, la ruée syndicale et les
accords Matignon sont une victoire sur la misère.
1939
La dislocation du Front populaire en 1938 et les tensions
internationales croissantes exacerbent les conflits au sein de la CGT.
La signature du traité de non-agression germano-soviétique ouvre une
crise profonde. Les unitaires sont exclus, leurs syndicats dissous.
1943
La scission de la CGT se résorbe dans les circonstances singulières de
la Résistance et de la clandestinité avec l’accord conclu au Perreux en
1943. La CGT réunifiée donne ainsi une impulsion décisive à la mise en
place, le 27 mai 1943, du Conseil national de la Résistance.
1944
Durant l’été 1944, la CGT et la classe ouvrière se portent aux
avant-postes des combats. Grèves générales, insurrections populaires et
action des FFI se combinent pour la libération du territoire. Au terme
d’une semaine de combats difficiles et meurtriers, Paris est libéré le
25 août par les forces populaires.
1945-1946
La CGT réunifiée compte dorénavant cinq millions d’adhérents. La
poussée progressiste de l’après-guerre permet des avancés sociales et
économiques majeures (nationalisations, sécurité sociale, comités
d’entreprises, statuts des personnels…).
1947
Les luttes de 1947 et le déclenchement de la Guerre froide rendent
irréparables les rivalités entre tendances. La scission du courant
organisé autour du journal Force ouvrière brise à nouveau l’unité de la
CGT comme est brisée d’ailleurs l’unité syndicale internationale un
moment réalisée dans la Fédération syndicale mondiale.
1948-1953
La Guerre froide atteint son acmé au tournant des années 1950, la
répression s’abat avec une force inédite sur la CGT qui conserve de
solides positions. En s’attaquant en juillet 1953, au volet retraite des
fonctionnaires, Joseph Laniel provoque un conflit social majeur qui
rassemble à son apogée près de quatre millions de grévistes.
1954
Les années 1950, sont dominées par l’enchaînement des guerres
coloniales d’Indochine et d’Algérie. En novembre 1954, la CGT justifie
d’emblée le droit à l’insurrection du peuple algérien et va prendre des
positions courageuses pour la paix et en faveur de l’indépendance
algérienne.
1955-1958
Dans le même temps, la CGT bataille pour les salaires, contre
l’augmentation des cadences et du temps de travail. Bien qu’affaiblie
par la scission, elle a progressé en syndicalisation. Sur le plan
politique, elle dénonce l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle en
1958.
1962
L’indépendance de l’Algérie s’installe comme un horizon inéluctable.
L’OAS sème la terreur. Le 8 février, une manifestation organisée pour
dénoncer le fascisme et réclamer la paix, tourne au drame au métro
Charonne. Victime d’une répression aveugle, l’assassinat de neufs
militants de la CGT soulève une émotion considérable.
1963
Avec la grève des mineurs de 1963, la lutte revendicative revient au
premier plan et débouche sur de substantiels résultats salariaux.
Désormais, le pouvoir gaulliste est conscient que les efforts de la
modernisation ne pourront se faire sans assurer à chacun la part qui lui
revient du progrès général.
1966-1968
En janvier 1966, la CGT brise son isolement en concluant un accord
d’unité d’action avec la CFDT qui débouche sur un essor important des
grèves dont le point d’orgue est constitué par la puissante grève
généralisée de mai-juin 1968. Malgré d’appréciables résultats
revendicatifs, les espérances d’un changement politique ne se
concrétisent pas.
1972-1978
De son côté, la CGT ne ménage pas ses efforts pour participer à la
construction de l’unité la plus large. La signature, le 26 juin 1972, du
Programme commun de gouvernement entre le PCF et le PS et les radicaux
de gauche est saluée par la CGT. L’échec du programme commun en 1977, le
recentrage de la CFDT et les propres interrogations de la CGT sur son
fonctionnement interne font du 40e Congrès un moment d’intenses
réflexions.
1982
La victoire de François Mitterrand, en 1981, ouvre une brève période
de progrès social. Mais très vite, les logiques de transformation
sociale cèdent la place à une rigueur nourrie de « réalisme
économique ». Dès lors, la CGT engage une lutte opiniâtre contre les
nouveaux visages de l’exploitation.
1995
Dans les années 1980, la désyndicalisation frappe de plein fouet la
CGT. Le libéralisme triomphe et les luttes connaissent un net recul. Un
temps, certains prédisent la mort du syndicalisme mais celui-ci trouve
la force du rebond. L’année 1995 est marquée par un mouvement social
d’ampleur et victorieux contre la réforme Juppé qui concerne les régimes
particuliers de retraite. Une nouvelle période commence alors...
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