L'Union Locale sur le ouèbe


Désormais, pour suivre l'Union Locale CGT de Cherbourg, il faut se rendre sur :

dimanche 26 avril 2020

1er Mai : Le jour d'après je veux quoi ?

Alors que le monde entier fait face à la pandémie, ce 1er Mai sera plus que jamais la journée internationale de luttes des travailleuses et travailleurs.
Depuis le début de la crise sanitaire, des millions de personnes sont confinées. De nombreux pays vivent grâce aux oublié·e·s, aux invisibles de nos sociétés, qui continuent à travailler, le plus souvent au risque de leur propre vie.
Les paroles de reconnaissance des gouvernements n’ont pas été suivies d’actes forts. Les mots sont évidemment insuffisants pour exprimer notre colère et notre détermination à faire changer les choses.

Nous porterons ce 1er Mai 2020, bien que confiné·e·s, les revendications qui sont plus que jamais d’actualité.

Sacrifier la santé des travailleur·se·s n’est pas admissible

La santé, la sécurité, le droit de retrait, de grève, le droit syndical doivent être respectés !

Sacrifier les droits des travailleur·se·s sur l’autel de l’économie n’est pas tolérable et ne pourra continuer quelle que soit la situation

Ce n’est pas une prime donnée au bon vouloir du patron ou de l’employeur public, une aide ponctuelle aux plus modestes qui suffiront aux travailleur·se·s : ce sont de vraies revalorisations salariales du Smic et des salaires, en particulier dans les conventions collectives où ils sont les plus bas, tout comme dans la Fonction publique !

Sacrifier les plus précaires d’entre nous n’est pas admissible dans une société d’égalité et de solidarité

Vacataires, intérimaires, intermittent·e·s, services civiques, la précarisation des travailleur·se·s s’est multipliée ces dernières années et la situation des chômeur·se·s et étudiant·e·s a été dégradée, tout comme celle des sans-papiers aujourd’hui ignoré·e·s sur le plan sanitaire comme social.

Même confiné·e·s, manifestons toutes et tous le 1er Mai

 

✔️ Prenez-vous en photo avec une pancarte et partagez-là :

  • commencez votre message par : « Le jour d'après je veux » et faites entendre vos revendications !
  • partagez vos photos, directement sur les réseaux sociaux en utilisant #1maicgt ;
  • vous pouvez également nous les adresser sur l’adresse mail photos- luttes@cgt.fr de façon à ce que la communication confédérale puisse les partager.
Slogan✔️ Jusqu'au 1er Mai, vous recevrez notre affiche via la presse quotidienne régionale : découpez-là et affichez fièrement vos couleurs à vos fenêtres ou sur le balcon !
Affiche 1er Mai
Le 1er Mai, soyons visibles, solidaires, déterminé·e·s. Nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d’un système capitaliste mortifère.
Transformons le monde de demain en un monde vivable, de justice sociale, écologiste et féministe !

Crise sanitaire : la double peine des précaires

Une crise sociale de grande ampleur se profile, alors que l’économie tourne au ralenti depuis le début de la crise sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19. Pour les travailleurs pauvres, les précaires, les étudiants et les travailleurs sans papiers ou non déclarés, la crise sanitaire est une double peine.
La France compte plus de deux millions de travailleurs pauvres, tandis que neuf illions de Français vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 1 050 euros par mois), d’après les derniers chiffres de l’Insee.
Pour ces personnes, la crise sanitaire fait l’effet d’une double peine. Fermetures des restaurants universitaires, absence de petits boulots, bourses insuffisantes… les étudiants, déjà durement touchés par la pauvreté et la précarité (20,8 % des « élèves et étudiants » se situent sous le seuil de pauvreté selon les chiffres de l’Insee), voient leur situation se dégrader. Fin mars, le ministère de l’Enseignement supérieur a débloqué 10 millions d’euros pour venir en aide aux étudiants en situation de précarité.
Le gouvernement vient par ailleurs de débloquer une aide pour 4 millions de familles en grande précarité. Cette aide atteindra 150 € par ménage, plus un bonus de 100 € par enfant pour les allocataires du RSA et de l’ASS. Pour les familles bénéficiaires des aides au logement, elle s'élèvera à 100 € par enfant.

Les plus précaires comptent aussi parmi les plus mobilisés dans la lutte contre le Covid-19

Parmi eux, on retrouve un nombre considérable de femmes, majoritaires dans les métiers liés aux soins et dans la grande distribution : selon l'Observatoire des inégalités, 97 % des aides à domicile sont ainsi des femmes, tout comme 90 % des aides-soignants, 87,7 % des infirmiers et sages-femmes et 73,5 % des vendeurs.
Celles-ci sont par ailleurs très souvent sous-rémunérées, travaillent à temps partiel et avec des contrats courts. Notre organisation, dans une lettre adressée le 7 avril au président de la République, a demandé la hausse immédiate du Smic. La CGT revendique une augmentation de 20 % du Smic, soit 1 800 € brut par mois.

Travailleurs ubérisés et sans papiers comptent aussi parmi les plus mobilisés

« Les travailleuses et travailleurs sans papiers sont en première ligne, comme les autres travailleurs précaires. Vulnérables parce qu'ils sont dépourvus d'autorisation de travail, ils sont, bien souvent, démunis des tenues et matériel nécessaires, pour les protéger et préserver leur santé. Ils risquent d'être expulsés de notre territoire, alors qu'ils participent avec les autres salariés à le faire vivre. Ils font partie intégrante de ce salariat qui permet la continuité des activités indispensables à notre vie à tous : le ramassage et le tri des déchets, la sécurité, la manutention, la mise en rayon dans les supermarchés, le nettoyage, l'aide à la personne, l'agriculture, etc. », souligne notre organisation.
En tant qu'intérimaires, ils et elles continuent à préparer « les commandes pour les grands groupes de logistique, à livrer des repas via les plateformes et voient leur vie, leur santé mises en danger pour des activités non essentielles à notre pays, dans cette période d'épidémie ». La CGT revendique la régularisation des travailleurs sans papiers.

La CGT demande aussi des mesures concrètes pour les privés d’emploi

D’après les chiffres publiés par la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), Pôle emploi a enregistré 500 000 inscriptions pour le mois de mars, tandis que les plateformes de recherche d’emploi ont vu le nombre d’offres d’emploi baisser de 40 %.
Pour le Comité national CGT des travailleurs privés d'emploi et précaires, « cette explosion des inscriptions à Pôle emploi cumulée avec la forte baisse des offres d’emploi – qui comportent encore vraisemblablement des offres illégales mensongères et frauduleuses – prouve que les travailleurs privés d’emploi et précaires sont les premières victimes de l’impact du Covid-19 sur l’économie ! Plus que jamais, il faut geler le décompte des jours indemnisés, arrêter les radiations et le contrôle de la recherche d’emploi et indemniser 100 % des privés d’emploi ».
L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) estime de son côté que 460 000 personnes vont se retrouver sans emploi à l’issue du confinement. Parmi elles, environ 180 000 personnes en contrat court, et 288 000 personnes qui étaient en période d’essai. Un certain nombre risque de se retrouver sans ressources, la réforme de l’Assurance-chômage ayant durci les conditions d’accès.
Depuis le 1er novembre, il faut avoir travaillé six mois minimum pour ouvrir des droits.
Combien de saisonniers, qui ont vu leur saison amputée, vont se retrouver dans l’impossibilité d’ouvrir des droits ? La CGT revendique plus que jamais l’annulation de cette réforme.

Crises sanitaire et sociale : l’urgence du ministère du Travail est de museler les inspecteurs

Les inspecteurs sont muselés ! L'intersyndicale de l'inspection du travail – avec la CGT, la FSU, la CNT et Sud – organisait une conférence de presse le jeudi 16 avril pour dénoncer les atteintes à l'exercice de leur fonction par leur hiérarchie.
La conférence était convoquée le jeudi après-midi par tous les syndicats de l'Inspection du travail, en ligne évidemment, confinement oblige… Chacun leur tour, les représentants des différentes organisations syndicales ont pointé un fait : le ministère du Travail organise la sape du travail de ses inspecteurs.

Des pressions sur les agents

La CGT, la FSU, la CNT, Sud, pointent du doigt le ministère du Travail qui a enjoint la Direction générale du travail (DGT) à faire entrave aux missions des inspecteurs, pire à faire « comme si l'Inspection du travail entière était débranchée, voire détournée à d'autres fins que celle de protéger les travailleurs » selon les mots de Julien Boeldieu, secrétaire général de la CGT du ministère du Travail.
Dans la Marne, un agent a été informé de sa future mise à pied par texto, parce qu'il a entamé une action à l'encontre d'une entreprise contre l'avis de la hiérarchie. « Lors de l'entretien, il lui a été demandé de cesser ses démarches », ailleurs, c'est un employeur qui « demande des nouvelles de la procédure disciplinaire lancée contre un agent. C'est inédit ! » tonne Gille Courc de la CNT Travail et Affaires sociales.
Sans compter que les moyens professionnels sont aussi touchés : la messagerie filtre les mails envoyés qui contiennent certains mots citant la convention de l'OIT. Après différentes remontées de pertes de courriers, les responsables syndicaux ont dû tester par eux-mêmes l'envoi et la réception de mails avec les mots qu'ils pensaient filtrés pour vérifier que c'était bien le cas…

La convention 81 de l'OIT violée par la France

La première préoccupation du ministère du Travail semble donc être celle de la reprise de l'activité économique plutôt que la sécurité des salariés présents dans les entreprises, en pleine crise du coronavirus. Notamment par le fait que les inspecteurs sont fliqués !
La DGT leur impose de demander l'aval de leur hiérarchie avant tout contrôle et un droit de veto a été instauré. « Le ministère peut interdire aux agents de faire des contrôles, or la Convention 81 de l'OIT garantit la liberté des agents », s'indigne J. Boeldieu. Les modalités d'intervention sont limitées, les hiérarchies demandant expressément à ne pas lancer de procédures.

L'intersyndicale a déjà déposé plainte

Une plainte a d'ailleurs été transmise au directeur général de l'Organisation internationale du Travail et au conseil d'administration du Bureau international du travail (BIT).
Les syndicats ont donc tous cosigné une lettre qui relève tous les problèmes soulevés par les notes que la DGT a transmises depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Ils pointent notamment que les nouvelles directives éclipsent « la mission essentielle, primordiale et fondamentale » de protéger les salariés. Et sa volonté de prioriser d'autres missions « au détriment de la mission de protection des travailleurs, est contraire aux dispositions susvisées et est par conséquent illégale. »
Les syndicats reviennent aussi sur les restrictions illégales contre les latitudes des inspecteurs que la convention de l’OIT leur assure pourtant et sur leurs moyens dans l'exercice de leurs missions.

Aucun moyen pour l'Inspection du Travail

Quant à aux moyens de protection, des masques, pour ceux-là mêmes qui doivent contrôler leur disponibilité pour les salariés, les syndicalistes s'esclaffent : « L'inspection du travail est démunie pour aller inspecter les entreprises. Il n'y a pas de masques disponibles à l'Inspection du travail. Pas dans toutes les régions, et certains sont même périmés ».
« C'est un problème de crédibilité que de contrôler sans masque et d'expliquer ensuite à un employeur de protéger et faire protéger ses salariés. » se désole Yann Dufour, de la CGT. Un problème qui s'additionne à la demande d'autorisation du contrôle pour avoir accès à d'éventuels masques. Et qui vient contraindre encore davantage le travail des agents.

Les inspecteurs transformés en « relais des consignes du gouvernement »

Les Direccte écrivent aux agents de contrôle que leur mission c'est d'« aider les entreprises et les accompagner dans leur reprise d'activité. »
Cités dans le texte par les intervenants, des fiches pratiques — éditées par le ministère — qui enrôlent les inspecteurs comme des aides des employeurs, au service des entreprises davantage là « pour donner des informations utiles à la bonne marche de l'économie », selon Julien Boeldieu.
Mais ces fiches « n'ont aucune valeur normative. On ne remplace pas le Code civil ou pénal par un guide diffusé par le ministère de la Justice ! » pour Camille Planchenault de Sud Travail qui précise que ces fiches prennent de sérieuses libertés avec le droit du travail.

Lire l'article sur le site de la NVO

Chroniques du coronavirus : rentrée des classes le 11 mai, une décision hors sol ?

Emmanuel Macron a annoncé une réouverture progressive des écoles dès le 11 mai, lors de son allocution du 13 avril. Une décision qui inquiète le personnel de l'éducation nationale. En effet, rien ne prouve que les conditions sanitaires seront réunies pour garantir une reprise des cours en toute sécurité.
En annonçant une reprise des classes le 11 mai pour les élèves du primaire et du secondaire — les élèves du supérieur reprendront quant à eux le chemin de l'université en septembre —, le Président a suscité une vive inquiétude dans la communauté enseignante. En effet, les premières annonces semblent encore peu concrètes et très éloignées des capacités matérielles de l'État.

La sécurité sanitaire doit être une priorité

« Le ministre (Jean-Michel Blanquer) a reçu les organisations, il nous a dit : “nous devons reprendre le 11, j'écoute vos propositions”. Ils n'ont pas de plan… Il y a un reversement des responsabilités vraiment inique », estime Marie Buisson, secrétaire générale de la Ferc-CGT, selon qui « personne n'est fondamentalement opposé à reprendre ».
Nombre d'enseignants ont en effet conscience que le report de la rentrée à septembre creuserait encore les inégalités, il n'en demeure pas moins que la sécurité sanitaire doit être une priorité : « La rentrée doit être repoussée tant que les conditions sanitaires ne sont pas garanties. On ne veut pas être l'outil de relance de l'économie, au détriment de la santé de tous et toutes. Notre mission, c'est d'enseigner, pas de faire garderie. C'est de nouveau une négation de notre mission. Il y a en plus un chantage insupportable. On nous dit : “les élèves les plus fragiles vont être les plus pénalisés par un report de la rentrée”, alors que ce sont justement ces élèves qui étaient les premières victimes des dernières réformes. Et soudain, ils se préoccupent de ces gamins ! ».

Aucune garantie

Pour l'heure, rien ne garantit que l'Éducation nationale et les collectivités territoriales seront en capacité d'avoir d'ici un mois à disposition des stocks suffisants de matériel de protection et de tests pour équiper les établissements et garantir la santé de tous et toutes alors même que les besoins actuels ne sont ni garantis, ni couverts dans les centres hospitaliers, les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou pour toute autre profession travaillant encore actuellement.
Dans un communiqué, la CGT Éduc'action alerte : comment imaginer que les équipes pédagogiques seront en capacité d'aménager des espaces d'étude alors même que les classes sont déjà trop petites ou surchargées ? Comment imaginer que des élèves après deux mois de confinement, seront en capacité de respecter de façon maximale les mesures de distanciation sociale ?
« 40 % des établissements sont sous-dotés en points d'eau, dans certains établissements les conditions d'hygiène ne sont pas assurées, même hors crise sanitaire, les classes sont surchargées (30 à 35 élèves par classe au lycée, ndr). Nos revendications demeurent les mêmes qu'avant : moins d'effectifs par classe, le recrutement de plusieurs dizaines de milliers d'enseignants, une médecine scolaire et une médecine du travail à la hauteur des besoins de l'éducation nationale », expose Marie Buisson.

Des mesures indispensables

Pour envisager une reprise, la CGT Éduc’action exige un certain nombre de mesures : des tests (du virus et de l'immunité) généralisés pour élèves et adultes, des effectifs permettant de maintenir partout plus d'un mètre de distance entre chacun et chacune (en classe, dans la cour, les transports…), des masques renouvelés toutes les 4 h, du savon et du gel, des sanitaires propres, ainsi que des objectifs pédagogiques pour la reprise.

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mercredi 15 avril 2020

Déconfinement le 11 mai : pas de protection, pas de travail !

Alors que le bilan de l'épidémie du Covid-19 dépasse désormais les 15 000 morts en France, Emmanuel Macron a annoncé lundi un début de déconfinement à partir du 11 mai, accompagné d’une réouverture des écoles, collèges, lycées ainsi que des crèches et, ce, contrairement à l'avis des professionnels de santé.
La réalité de l'intervention présidentielle, c'est aussi, le refus d'un dépistage systématique et massif, et l'aveu, avec un seul masque « grand public » disponible le 11 mai, qu’il n'y aura toujours pas suffisamment de protection pour toutes et tous.
Les annonces ont de quoi surprendre et décevoir les corps médicaux et scientifiques qui ont compétence pour parler des modalités de déconfinement ; rien de prévu sur : le retour à un fonctionnement régulier des services hospitaliers, la disponibilité des gels hydroalcooliques et des masques à l’usage des personnels soignants et étendus à l’ensemble des salarié.e.s et de la population, la généralisation des tests, ainsi qu'un système de surveillance épidémiologique opérationnel.
Derrière le masque de la compassion et de l'humilité, Emmanuel Macron a confirmé son choix : celui de la santé financière des entreprises et de l’économie, notamment des plus grands groupes bien avant la santé des salarié.e.s et de la population. Les profits du CAC 40 et les dividendes versés aux actionnaires ne sont toujours pas utilisés pour la solidarité nationale et la sortie de crise sanitaire.
Vous ne pourrez pas aller au restaurant mais les cantines des entreprises et des écoles seront ouvertes ! Pas de rassemblements sociaux mais regrouper 30 élèves dans une classe sans distanciation possible, ce n'est pas un problème pour le Président concernant 12,5 millions d'élèves et 1 200 000 personnels dans l’Éducation nationale.
« Reprenez le boulot », alors qu’une grande partie des carnets de commandes s’effondre. Décidément, le Medef et le gouvernement restent campés sur leur position et refusent de tirer les enseignements de la période pour aujourd'hui et demain.
La récente décision du tribunal de Nanterre obligeant la plateforme Amazon à se limiter à la livraison de produits essentiels démontre, pourtant, que la santé doit primer sur le profit.
La CGT réitère sa demande initiale d'une déclaration d'état de catastrophe sanitaire, afin de faire jouer la solidarité financière des groupes d'assurance qui doit aller au-delà d’un abondement symbolique du fonds de solidarité nationale et profiter à tous les salarié.e.s, TPE et artisans.
La CGT exige l'indemnisation de l'activité partielle à hauteur de 100% du salaire, le retrait des dispositions régressives de la réforme de l'assurance chômage (seuil de déclenchement des droits, dégressivité de l'indemnisation, etc.) et la prolongation des droits à l'assurance-chômage au-delà du confinement ; ne serait-ce qu'au regard des nombreuses professions qui ne pourront reprendre dans les activités de loisirs, du tourisme, du spectacle, etc. et de l'état de la situation de l'emploi au sortir de la crise sanitaire.
Montreuil, le 15 avril 2020

Lettre ouverte de Philippe Martinez au président de la République

Monsieur le Président de la République, Monsieur Emmanuel MACRON,
La crise sanitaire du Covid-19 ne faiblit pas. La pandémie du nouveau coronavirus a déjà fait des dizaines de milliers de morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine. Près de 800 000 cas d'infection ont été officiellement diagnostiqués dans 188 pays et territoires depuis le début de l'épidémie. L’épicentre s’est concentré sur l’Europe.

Notre pays est particulièrement touché et le nombre de personnes contaminées ne cesse de s’accentuer. Beaucoup d’hôpitaux sont désormais submergés par l’arrivée de nouveaux malades nécessitant des soins intensifs et longs. L’ensemble des personnels soignants ainsi que ceux des secteurs du soin à domicile, dans les maisons de retraite font face, attachés à leur mission de service public, mais force est de constater que leurs conditions d’exercice pose question. En effet, les commandes de masques, de matériel médical, voire de médicaments ou les tests annoncés par votre gouvernement tardent à se concrétiser.

Face à cette situation d’urgence, nous souhaitons vous rappeler les mesures indispensables à prendre le plus rapidement possible.

La priorité de votre gouvernement doit être, avant tout, de garantir la stricte protection de tous les salariés qui, assurant des activités essentielles dans le secteur public et privé, doivent continuer à travailler. Ainsi, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tout salarié puisse exercer son droit de retrait en l’absence de protection ou face à un danger grave et imminent. C’est d’ailleurs le sens du préavis de grève dans les services publics, afin de protéger les personnels travaillant dans des collectivités où les règles ne sont pas appliquées, tout comme dans les autres secteurs. D’autre part, les codes de bonnes pratiques même unanimes, sont remis en cause ou restreints par les ministères comme c’est le cas dans le BTP.

De nombreux salariés sont déjà contaminés, malades voire décédés parce qu’exposés au virus sur leur lieu de travail. Cela pose, dès maintenant, la question de la réparation et ainsi du classement automatique en maladie professionnelle pour les soignants, bien entendu, mais aussi pour tous les travailleurs.

En parallèle, il est maintenant tout à fait urgent de procéder à la définition des activités essentielles et à la fermeture immédiate de celles ne contribuant pas aux besoins vitaux.

Nous voulons d’ailleurs vous réaffirmer notre opposition aux mesures dérogatoires au Code du travail dans les domaines du temps de travail. L’ordonnance prévoyait qu’un décret viendrait préciser les secteurs dans lesquels elle s’appliquerait. À ce jour, aucun décret n’est paru, nous considérons donc qu’aucune dérogation ne peut s’appliquer. L’abrogation immédiate de ces ordonnances qui organisent de manière scandaleuse la déréglementation du travail est ainsi à l’ordre du jour.

Le confinement reste selon les experts scientifiques ou les médecins, le moyen le plus efficace pour lutter contre le Covid-19. L’arrêt des activités non essentielles comme cela vient d’être fait en Italie ou en Espagne permettrait par ailleurs de libérer des protections comme des masques et gants pour ceux qui en ont besoin. À noter le communiqué de l’Amuf (médecins urgentistes) qui va dans ce sens. Par contre, l’évolution de la production pour produire des protections et la reprise d’activité pour des entreprises fermées, comme Luxfer pour la production de bouteilles à oxygène, ou menacées, comme la papeterie de la Chapelle Darblay pour la production de masques, par un financement public est essentiel. Votre ministre de l’Économie a bien parlé de possibles nationalisations.

Nous avons défini une liste d’activités essentielles et nous sommes disponibles pour en discuter avec le gouvernement.

Face à cette pandémie mondiale, nous réitérons notre demande que vous déclariez l’état de catastrophe sanitaire afin de mettre à contribution, par exemple, les assurances et permettre le paiement du chômage partiel à 100 %.

La situation que nous vivons exige que l’ensemble des entreprises contribuent à la solidarité de la Nation, c’est pourquoi vous devez imposer pour toutes, la suppression des dividendes aux actionnaires. Pour le moment votre ministre de l’Économie s’est contenté d’une simple déclaration pour demander aux entreprises qui reçoivent des aides publiques de ne pas verser de dividendes. Nous avons l’expérience de la crise financière de 2008 et cela n’a pas fonctionné, c’est très insuffisant ! Il n’est pas utile de vous rappeler, que récemment encore, les sociétés du CAC 40 s’apprêtaient à verser à leurs actionnaires 54,3 milliards d’euros, soit 5,9 % de plus qu’en 2019. Vous conviendrez que cela constitue un record historique. C’est avant tout une question de décence, de justice et de solidarité nationale !

Il va sans dire qu’un contrôle des aides publiques aux entreprises doit être garanti et une attention particulière doit être portée aux conséquences en matière d’emploi qui pourraient toucher les salariés notamment dans les petites et moyennes entreprises, les secteurs de l’économie sociale et solidaire et plus largement dans tous les secteurs d’activités et cela en lien avec les organisations syndicales représentatives.
Vous devez prendre, dans la période, une mesure d’interdiction de tous les licenciements pour quelques motifs que ce soient et la suspension immédiate de tous les PSE ou plans de restructuration d’entreprise.

Vous devez porter une attention particulière sur la situation des plus fragiles et ainsi prendre des décisions immédiates en direction des chômeurs, travailleurs précaires, intérimaires ou saisonniers, travailleurs des plateformes (...) et prendre des mesures de protection sociale étendues.
En cette période, les salariés ont plus que jamais besoin de leur syndicat à leurs côtés, c’est pourquoi nous tenons à vous rappeler l’engagement pris par votre ministre de l’Intérieur, d’élaborer une autorisation spécifique et nationale pour permettre à tous les élus et mandatés de circuler librement et d’intervenir dans les entreprises ou les services. Cette promesse n’est, à ce jour, encore une fois pas honorée.

Les travailleurs paient un lourd tribut y compris financièrement dans cette crise sanitaire. Beaucoup de voix s’élèvent fortement pour dire que nombre de métiers en première ligne, que ce soit dans l’agroalimentaire, le commerce, l’aide à la personne, les soins ou le médicosocial, les services de ramassage des déchets (...) ne sont pas payés correctement et reconnus dans leur travail, alors que ce sont bien eux les « premiers de cordée ». Beaucoup découvrent leur bulletin de salaire avec des pertes de rémunération substantielles, notamment liées à la disparition des parts variables de rémunération (primes diverses, calcul à partir des forfaits jour, etc.). C’est donc de votre responsabilité de demander à votre ministre du Travail de procéder à une augmentation immédiate du SMIC qui devra se répercuter sur l’échelle des salaires. L’augmentation significative du point d’indice dans la fonction publique doit être un engagement de votre gouvernement.

Nous exigeons également, au-delà d’un paiement à 100 % du chômage partiel, le maintien des cotisations sociales, permettant l’accès de tous à la protection sociale complémentaire (santé et prévoyance).

Enfin, le monde est totalement bouleversé par cette crise et rien ne sera plus comme avant quand nous en serons sortis. Gouverner c’est prévoir et votre gestion de la pandémie n’en a pas fait une démonstration convaincante. Il y a donc un besoin urgent de faire avec les organisations syndicales, un bilan sur les changements radicaux de politique à opérer dans de nombreux domaines économiques et sociaux.

La CGT porte des propositions pour transformer cette société autour de valeurs de progrès social, de solidarité et de sécurité, tant professionnelles qu’environnementales.

La CGT revendique ainsi la mise en place d'une « sécurité sociale professionnelle » pour tous afin qu'aucun salarié, tous statuts confondus, ne subisse plus de rupture dans ses droits, dans la reconnaissance de ses qualifications et de ses acquis par l'expérience. Il faut mettre en place une Sécurité sociale intégrale, un 100 % Sécu sur la base du salaire socialisé, fondée sur les principes fondateurs de la Sécurité sociale, que sont la solidarité et l'universalité, en intégrant de nouveaux besoins non encore couverts et adaptés aux nouvelles formes du travail.

Il s’agit de répondre aux besoins fondamentaux, sur le principe de « bien commun universel », de revalorisation du travail, de préservation de l’environnement et de l’anticipation des transitions nécessaires pour que l’activité humaine ne porte pas atteinte à l’avenir de la planète. Cela suppose aussi qu’une autre économie et qu’une autre façon de consommer émergent.

Dix-huit organisations syndicales ou associatives ont publié une tribune pour anticiper et bâtir le « jour d’après ».

Nous vous en livrons quelques pistes :

  • relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, permettant d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux et de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités ;
  • réorientation des systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques ;
  • établissement de soutiens financiers massifs vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes...
  • une remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.
Nous sommes convaincus que ces réorientations majeures sont indispensables pour bâtir une société juste, solidaire et durable dans les domaines économiques, sociaux et écologiques.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes respectueuses salutations.

Philippe MARTINEZ
Secrétaire général de la CGT

La CGT demande la suspension immédiate des dividendes

En pleine pandémie, le ministre de l’économie Bruno Le Maire a invité lundi 30 mars les entreprises qui recourent au chômage partiel à ne pas verser de dividendes à leurs actionnaires. Notre organisation demande la suspension immédiate du versement, par les entreprises, de dividendes, rachats d’actions et bonus aux PDG.
« J'invite toutes les entreprises qui ont accès aujourd'hui au chômage partiel, c'est-à-dire qui ont leurs salariés payés par l'État, à faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes », a demandé Bruno Le Maire, lundi 30 mars.
Il n’est pas acceptable que l'État prenne en charge les salaires des entreprises qui versent des dividendes. Mais comment garantir que les entreprises respectent ce vœux pieux, alors que celui-ci n’a rien de coercitif ?
Dans les faits, les entreprises pourront bénéficier de certaines mesures d’urgence et, notamment, du dispositif renforcé de chômage partiel tout en continuant de verser des dividendes à leurs actionnaires.

Dividendes
Pour notre organisation, il n’est pas acceptable que l'État prenne en charge les salaires des entreprises et que celles-ci versent, quoi qu’il en coûte, des dividendes à leurs actionnaires !
« La réponse économique ne peut pas socialiser les pertes et privatiser les profits. Ce n'est pas une question de trésorerie, comme l’explique le gouvernement, c’est avant tout une question de justice, de décence, de solidarité nationale. »
« Pour les bas salaires ou les contrats précaires, perdre 16% de sa paie va poser de graves difficultés », expose notre organisation dans un communiqué, signé aussi par Solidaires, la FSU et les ONG Greenpeace, Oxfam, Les amis de la Terre et Éthique-sur-étiquettes.

Initiative unitaire

dividendes

 

Les signataires demandent la suspension immédiate du versement des dividendes, rachats d’actions et bonus aux PDG, a fortiori quand elles ont bénéficié d’aide publique, le temps que durera cette crise. Après les appels inédits de la Fédération bancaire européenne, de la Banque centrale européenne et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le vent est en train de tourner : la Norvège et la Suède ont ouvert la voie et l’ensemble des banques anglaises ont depuis annoncé suspendre leurs dividendes en 2020.
En France, plusieurs entreprises ont d’ores et déjà annoncé des gels et des reports - la Société générale et Natixis pour les banques, Safran, JCDecaux, Nexans, Airbus, Auchan - mais certaines passent outre les recommandations du gouvernement, comme Total qui s'apprêterait à verser 1,8 milliard d'euros de dividendes.

dividendes

lundi 6 avril 2020

Analyse de la situation par l'économie

L'urgence du moment est évidemment d'ordre sanitaire. La priorité est la protection des travailleur-euses.
Cependant la crise sanitaire cache une crise économique qui va être plus brutale que 2008 à court terme, et qui révèle au grand jour la grande fragilité de nos économies à plus long terme.
Il n'y aura pas de retour à la normale après cette crise; c'est tout le système productif qu'il faut changer.
Dans ce dossier, vous trouverez l'ensemble des publications (notes, décryptage...) du pôle économie de la CGT.
Elles devraient servir, durant cette période, à vous aider à y voir plus clair en vous donnant une analyse de la situation et des propositions qui s'appuient sur nos revendications.

COVID-19 : quels sont vos droits ?

Face à la crise sanitaire liée au coronavirus, des mesures exceptionnelles ont été prises. Nous vous en rendons-compte ici.

En Ehpad, la crainte d’une hécatombe

Avec la crise sanitaire qui frappe la France, les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) se retrouvent dans une situation critique. Le personnel, confronté à la surmortalité des résidents, travaille dans la peur de contracter le virus et de le transmettre à leur famille et aux résidents.
Pénurie de masques et de matériels de protection, absence de dépistage, manque de gel hydroalcoolique… La crise sanitaire du Covid-19 a aggravé la situation dans les Ehpad, publics comme privés.
Certains ont déjà été durement touchés par le coronavirus, comme à Saint-Germain-en-Laye dans l’Ehpad du groupe Korian, où 16 personnes sont décédées sur un total de 84 résidents.

Le gouvernement redoute une hécatombe

Pourtant, cette crise était prévisible : depuis plus de deux ans, les travailleurs des Ehpad alertent sur les conséquences de l’austérité budgétaire mise en œuvre par les gouvernements successifs.
Dégradation de la prise en charge des résidents, souffrance des agents, multiplication des accidents du travail… Le constat a même été́ fait par le gouvernement, mais deux rapports et une mission flash sur l’état catastrophique des Ehpad et le manque de moyens alloués à la dépendance n’auront pas suffi. Il faut à̀ nouveau une situation de crise sanitaire pour se rendre compte du sort réservé́ aux personnes âgées dans notre pays.
Depuis plusieurs jours, les établissements ont fermé leurs portes aux visiteurs extérieurs, certains résidents sont mis à l’isolement sans visite familiale. Certains Ehpad ont même décidé de se couper du monde.
En Charente, les 18 salariés de l’Ehpad de Mansle ont choisi de se confiner à l’intérieur de l’établissement pour éviter tout contact avec l’extérieur et protéger les résidents.
En effet, les salariés médicaux et paramédicaux restent les seules personnes qui entrent en établissement et qui peuvent donc transmettre le virus. Nombre d’entre eux sont renvoyés en confinement, à domicile, car ils ressentent les symptômes du Covid-19. Ils ne sont ni testés, ni diagnostiqués.
Pour éviter cette catastrophe qui s'annonce, nous exigeons du gouvernement qu’il mette en place immédiatement des moyens de protection, des effectifs, des traitements adaptés pour les résidents et les professionnels du secteur.
Il se doit d'approvisionner les professionnels en masques, gel, surblouses et de réaliser des dépistages systématiques.