Le droit de manifester est une liberté
fondamentale. Il est une condition et une protection pour les autres
libertés. Il permet de dire ensemble comment on veut vivre.
Depuis 1935, il s’exerce par simple déclaration. C’est ainsi qu’il a
traversé le siècle et les crises pour arriver intact jusqu’à nous.
Ces dernier mois, l’état d’urgence sanitaire a conduit le gouvernement à
interdire tout rassemblement et toute manifestation. Mais,
l’amélioration de la situation sanitaire ne l’a pas conduit à déconfiner
le droit de manifester.
Le 13 juin dernier, c’est le Conseil d’État qui en a rappelé toute
l’importance. Il a suspendu l’interdiction du droit de manifester. Il a
aussi rappelé que les lois existantes permettaient de garantir la
protection de la population contre l’épidémie de Covid-19.
Moins
de 2 jours plus tard, un nouveau décret est venu instaurer un régime
d’autorisation inédit. En moins de deux jours, sans débat, sans vote,
sans consultation, le gouvernement a construit de toute pièce et imposé
un régime qui vient bouleverser des décennies de libertés.
Ces dispositions soumettent le droit de se rassembler et de manifester à l’autorisation préalable des autorités.
Le gouvernement ne peut pas décider seul du cadre dans lequel s’exercent
les libertés fondamentales. La crise actuelle ne l’autorise pas à aller
au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour garantir la sécurité
sanitaire.
La liberté de manifester ne peut pas être suspendue à la seule volonté du pouvoir exécutif.
Alors, nous ne demanderons pas l’autorisation d’imaginer, de penser et
de vouloir un monde plus juste. Nous ne demanderons pas l’autorisation
de manifester nos idées, nos opinions, nos revendications.
C’est
pourquoi le Syndicat des Avocat de France, le Syndicat de la
Magistrature, la FSU, l'Union syndicale Solidaires, la CGT, FO et le
Droit au Logement, ensemble, ont saisi le Conseil d’État de plusieurs
requêtes, afin que soit préservée la liberté de manifester.
Montreuil, le 19 juin 2020
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