En mai, «
seulement » 61 000 nouveaux demandeurs d'emploi se sont inscrits à Pôle
emploi, contre 177 500 en mars et 209 300 en avril. Il n'y a cependant
pas de quoi se réjouir : le nombre de chômeurs s'établit à 6 125 400, le
plus haut niveau enregistré depuis 1996.
Autre fait notable : alors que depuis une vingtaine d'années, on observe
une baisse relative de la catégorie A (personnes au chômage total)
tandis que les catégories B et C (personnes alternant chômage et emploi,
autrement dit les travailleurs précaires) ne cessent d’augmenter (fait
sur lequel le gouvernement focalise toujours), en avril dernier, pour la
première fois depuis bien longtemps, la tendance s'est inversée : les
travailleuses et travailleurs précaires ont basculé très majoritairement
dans le chômage total à cause de la crise.
En mai, on constate un « retour à la normale » relatif : le nombre de
demandeurs d'emploi en catégorie A baisse tandis que les catégories B et
C connaissent un rebond. On peut en déduire que les travailleurs
précaires ont été totalement privés d'activité en mars/avril mais ont
retrouvé des petits boulots une fois le confinement levé, faisant ainsi
augmenter les catégories B et C.
Ces chiffres sont alarmants et, pourtant, les plans sociaux de grande
ampleur annoncés dans la presse n'ont pas encore été mis en œuvre.
De même, l’arrivée dans le monde du travail des jeunes sortants des études n’a pas encore produit ses effets.
Dans ce contexte, la CGT réaffirme la nécessité de repenser la politique
gouvernementale en matière d'emploi et de chômage. Il est temps
d'amorcer la réflexion promise par le gouvernement depuis avril, afin
d'adapter les règles d'assurance chômage à cette situation
exceptionnelle.
L'assurance chômage doit protéger mieux et protéger toutes celles et ceux qui en ont besoin. C'est pourquoi la CGT demande au gouvernement :
- d'annuler le décret du 26 juillet 2019 qui a réformé l'assurance chômage et dont les premières mesures sont entrées en vigueur au 1er novembre dernier et dont la seconde partie devrait commencer à s'appliquer au 1er septembre prochain ;
- de prolonger les droits pour toutes et tous jusqu'au 31 août 2021, comme cela a été prévu pour les intermittents du spectacle ;
- de trouver des solutions pour indemniser tous les privés d'emploi, sachant qu'un certain nombre de précaires n'a pas accès à l'assurance chômage, tandis que moins d’ 1 demandeur d'emploi sur 2 est indemnisé ;
- de faire de l'emploi des jeunes une priorité absolue, de même que la résorption des inégalités femmes/hommes.
La crise actuelle souligne bien la
nécessité de mettre en place la sécurité sociale professionnelle qui
garantira à toutes et tous un revenu de remplacement : cela passe par
l’annulation de la réforme scandaleuse de l’assurance chômage et la
construction de nouveaux droits pour toutes celles et tous ceux que la
crise met au chômage.
C’est le sens de la déclaration commune signée avec un grand nombre d’organisations « Plus jamais ça : un monde à reconstruire » et le sens de la pétition pour l’annulation de la réforme assurance chômage (https://go.lemouvement.ong/petitions/assurancechomage).
Montreuil, le 25 juin 2020
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