Des syndicats de médecins libéraux appellent à la grève contre le
tiers payant généralisé et à la « guérilla administrative » contre la
Sécurité sociale.
La CGT entend le malaise exprimé et la volonté de travailler
autrement des médecins généralistes, et plus largement de l’ensemble des
professionnels de santé.
La CGT n’a de cesse de proposer une autre organisation du système de
santé avec une redéfinition du rôle et de la place de la médecine
libérale, des soins de ville et de l’hôpital public.
Le projet de loi Santé met tout le monde en colère avec des motifs
différents et tourne le dos à une véritable stratégie nationale de santé
qui aurait pu jeter les bases d’un parcours coordonné avec une prise en
compte des besoins des populations. Le décalage entre le discours et
les mesures envisagées est énorme : d’un côté, ce projet de loi
s’appuie sur la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) et
renforce le pouvoir de l’Etat et des Agences régionales de santé (ARS) ;
de l’autre, il n’annonce aucun changement profond de l’organisation de
l’offre de santé, ne prend pas en compte la réalité des besoins de santé
de la population et continue de favoriser la privatisation aux dépends
du service public.
La CGT développe des propositions sur de nouvelles formes de
rémunérations qui sortent du principe exclusif du paiement à l’acte et
entend combattre toute logique inflationniste.
La colère de professionnels de santé libéraux excédés comme ceux des
champs hospitaliers publics et privés, du médico-social, des centres de
santé, etc., c’est constater que ce système est en rupture.
Mais les excès de langage de la frange la plus réactionnaire des
médecins qui, sous prétexte de conserver leurs privilèges de gestion
directe des honoraires pour s’opposer au tiers payant généralisé, sont
inadmissibles.
De quoi ont-ils peur ? En effet les conséquences du tiers payant
généralisé rendront plus visibles les dépassements d’honoraires pour les
patients : 10 % des médecins généralistes et plus de 40 % des
spécialistes les pratiquent.
Aussi, la CGT condamne ce mouvement dans sa forme et invite les médecins à la raison.
Le tiers payant généralisé est une avancée sociale évidente pour
répondre aux besoins des patients et lutter contre les inégalités
sociales et d’accès aux soins. En pleine crise économique et sociale, il
n’est pas admissible que cette mesure soit attaquée.
Le tiers payant généralisé est une mesure de bon sens qui s’est
imposé dans 25 autres pays européens (seules la Belgique, la France et
le Luxembourg font exception). Pourquoi en serait-il autrement en
France ?
26,7 % de la population reconnait renoncer aux soins pour des
difficultés financières. Pouvoir aller chez son médecin, sans
appréhension, pour se soigner en sera facilité.
Mettre en place le tiers payant généralisé permettrait aux assurés
sociaux de leur éviter de faire l’avance de frais qui se chiffre à 4
milliards d’euros par an et concrétiserait encore plus les valeurs de
solidarité de l’Assurance maladie.
La CGT rappelle aux médecins libéraux que ce sont les cotisations
sociales et les taxes qui assurent leurs rémunérations et leur
permettent d’exister et de se développer.
Les médecins pratiquent un métier difficile et doivent avoir une
rémunération reconnue juste, ni plus, ni moins. Rappelons qu’avec les
aides complémentaires versées par l’Assurance maladie aux médecins, ils
perçoivent en moyenne plus de 30 euros par patient et à chaque
consultation !!!
Aujourd’hui le tiers payant est pratiqué par un grand nombre de
professionnels de santé tels que les pharmaciens, les infirmières, les
kinésithérapeutes, les cabinets de radiologie, les laboratoires
d’analyse et les centres de santé. Pourquoi en serait-il autrement pour
les médecins ?
Ce mouvement de grève administrative des médecins qui refusent la
carte Sésam vitale va pénaliser les assurés sociaux, engorger les
Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) et mettre en difficultés
leurs personnels.
Le tiers payant généralisé pour les médecins tout comme pour les
autres professionnels de santé doit être construit sur un système simple
et rapide, fiable et efficace. Les moyens informatiques actuels offrent
la possibilité de cette mise en œuvre. La Caisse nationale de
l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et les personnels
de l’Assurance maladie l’ont déjà prouvé par leurs capacités et
efficacités.
Notre société ne peut refuser pour le bien de toutes et tous le tiers payant généralisé pour plus de justice sociale.
Montreuil, le 8 janvier 2015
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