Chers collègues,
Le gouvernement a confié l’avenir
du ferroviaire à Jean- Cyril Spinetta,
ex PDG d’Air France, en dehors des assises de la mobilité pour occulter le débat
public.
Le
Premier ministre n’en a pas moins défini des axes très larges de réflexion,
allant de la desserte du territoire au financement du système avec, néanmoins,
la finalité très libérale de l’ouverture à la concurrence !
Bénéficiant
d’un délai très contraint, la mission Spinetta
n’a pas ménagé ses efforts pour présenter le 15 février dernier des
recommandations détonantes qui, si elles étaient reprises dans la future loi
d’orientation sur les mobilités (LOM) envisagée pour avril porteraient un sérieux
coup au service public SNCF, aux usagers et aux cheminots.
Avec
43 propositions chocs, il s’attaque à tous les fondements du service public
SNCF tel que nous l’avons connu jusqu’à présent.
Au-delà
du changement de statut de l’entreprise déjà découpée en trois EPIC par la loi
de 2014, c’est l’idée même d’un réseau de chemin de fer national au service de
l’ensemble des citoyens et des territoires de la République qui est remise en
cause !
Quant
aux cheminots, ils sont considérés comme une simple donnée de l’équation,une
charge destinée à être transférée d’une entreprise à une autre, au gré des
appels d’offres…
Après
le projet de la loi Nègre/Maurey sur l’ouverture à la concurrence, après le
rapport Duron sur les infrastructures, ces « recommandations » viennent
pleinement confirmer la politique anti-ferroviaire et anti-service public de ce
gouvernement, avec la complicité plus ou moins explicite de la SNCF.
Quelles
que soient les opérations de communication lancées par le gouvernement et la
direction, c’est bien la casse du service public SNCF et une violente attaque
contre les conditions sociales des cheminots qui sont à l’ordre du jour :
-
Ouverture à la concurrence
généralisée à partir de 2019.
-
Transfert obligatoire des
cheminots vers les entreprises ferroviaires qui remporteraient un appel
d’offres.
-
Remise en cause des recrutements
au statut.
-
Plan de départs volontaires.
-
Transferts des matériels et
ateliers TER aux régions.
-
Filialisation du Fret.
-
Transformation des Epic Mobilités
et Réseau en sociétés anonymes.
-
Externalisation des fonctions
transverses de l’Epic de tête et transfert de la Suge à Réseau.
-
Transfert de Gares &
Connexions à Réseau puis, à terme, des gares aux Régions.
-
Fermetures d’une grande partie
des lignes du réseau secondaire jugées non rentables (5000 à 9000Km sur 30000)
et concentration des moyens sur les métropoles.
-
Hausse de tarif pour les usagers,
fin de la régulation tarifaire.
Des
millions de citoyens et des centaines d’entreprises n’auraient plus d’accès au
chemin de fer et le mode routier deviendrait totalement incontournable, à l’opposé des engagements du
Grenelle de l’environnement et la COP 21.
L’heure
n’est pas au sabordage du chemin de fer français mais bien à son maintien et à
son développement face aux défis environnementaux, sociaux et d’aménagement du
territoire.
Toujours
très subventionné par l’Etat et les collectivités, le réseau subsistant serait,
quant à lui offert aux appétits féroces de grands groupes qui se partageraient
un marché juteux.
La
SNCF, devenue société anonyme prendrait d’ailleurs toute sa place dans cette
dérégulation ultralibérale comme l’on fait les anciens fleurons du service
public Air France, France Télécom, La Poste ou EDF-GDF dans leurs respectifs.
Avec la loi du
marché comme seule règle, cheminots et usagers n’auront plus qu’à subir dumping
social et hausse des tarifs.
La
Fédération CGT des cheminots réaffirme que d’autres choix sont nécessaires et
possibles, tant sur l’organisation de l’entreprise publique et son désendettement,
que sur son efficacité et son fonctionnement afin de répondre aux besoins des populations.
L’ouverture
à la concurrence est un dogme libéral que le gouvernement n’est pas tenu de
mettre en œuvre ! Par le passé, de nombreux rapports ont fini dans les
archives des ministères, le rapport Spinetta ne doit pas faire exception.
Le niveau des attaques ne doit pas nous entraîner
dans l’incantation ou dans le fatalisme. Nous allons devoir amplifier les
déploiements sur les sites ferroviaires, les débats avec les cheminots pour les
convaincre de rentrer dans l’action. La manifestation nationale unitaire du 22
mars à Paris a été un succès malgré les coups tordus organisés par l’entreprise,
celle-ci a constitué une véritable démonstration de force, étape importante
pour faire grandir le rapport de forces.
A l’heure où la SNCF fête ses 80 ans, nous devons
prendre conscience que nous rentrons peut-être dans une des plus grandes grèves
de notre histoire. Rien ne nous a été épargné, le lynchage médiatique n’a
jamais été aussi violent contre notre corporation. Pour autant, beaucoup de
salariés nous regardent et agissent car ils savent que si la digue “cheminots“
lâche, c’est l’ensemble des droits des salariés et l’avenir de tous les services
publics qui sont concernés.
Si vous voulons gagner et renvoyer le gouvernement
dans les 22, il va nous falloir être forts, sortir de notre gare et innover. La
question des préavis successifs et la pression mise par l’entreprise sur les
modalités de décompte ne doivent pas nous détourner de notre objectif. Nous
allons d’ailleurs en parler lors de
cette assemblée générale.
La question du maintien de l’unité syndicale sera
aussi une condition essentielle à la satisfaction de nos revendications. Au
regard des coups qui vont nous être portés, nous ne pouvons rester sans agir,
nous sommes en état de légitime défense.
Nous ne pouvons accepter la régression sociale, nous
ne sommes pas une profession arc-boutée sur des privilèges : Eux seraient
les modernes avec la précarité et le dumping social et nous les dinosaures. Les
conditions de travail des salariés doivent s’élever et non régresser, oui nous
avions déjà raison quand en 2016 nous nous battions contre la loi travail.
Donnons nous Ensemble, par un mouvement puissant
mené dans le respect de chacun, les conditions de redonner de l’espoir dans ce
monde qui chavire.
“ Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que ce soit
fait “
Nelson Mandela
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