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vendredi 6 avril 2018

Réforme de la SNCF : Les conséquences désastreuses d’une ouverture à la concurrence pour les Français

Mardi 3 avril, la mobilisation des cheminots a été un succès puisqu’ils étaient 1 sur 2 en grève. Par leur mobilisation, ces derniers ont démontré leur détermination à imposer de véritables négociations et non une illusion de concertation. En attendant le prochain préavis de grève unitaire, qui aura lieu du 7 avril 20 heures au 10 avril 7 h 55, voici pourquoi la grève des cheminots est la grève de tous les Français.
Mardi 3 avril, la mobilisation des cheminots a été un succès : la moitié d’entre eux étaient en grève et 14 958 étaient présents dans les assemblées générales. Par leur mobilisation, les cheminots ont réaffirmé leur volonté d’imposer l’ouverture de véritables négociations sur la dette et le financement, la relance du fret SNCF, le statut de l’entreprise, l’organisation de la production, la réinternalisation des charges de travail, l’ouverture à la concurrence, les droits sociaux et les garanties sociales. Alors que l’on nous vend du « cheminot bashing » toute la journée, voici pourquoi le combat des cheminots est le combat de tous les Français, contre la « destruction d’une civilisation, associé à l’existence du service public » (Pierre Bourdieu). Comme le souligne Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, « la grève des cheminots porte l’intérêt général ».
Une grève pour les Français
Si vous voulez payer votre billet ou votre abonnement plus cher, soutenez la réforme du gouvernement. Le cas de la privatisation du British Rail est édifiant : outre-manche, on a constaté une explosion incontrôlée du prix des billets de 117 % en moyenne. Les britanniques dépensant désormais près de 15 % de leurs revenus dans les transports, contre 3 % en France. Certains employés demandent même des prêts à leur entreprise pour pouvoir payer leur abonnement annuel tandis que quatre trains sur cinq sont en retard dans le sud.
Si vous voulez que des lignes ferment, soutenez l’ouverture à la concurrence. Dès que cette dernière sera effective, il est indéniable que des lignes fermeront. Les lignes pas assez rentables seront délaissées, au détriment d’années d’efforts pour aménager le territoire de manière plus équilibrée.
Si vous voulez une France avec plus de pollution, qui ne respecte ni les accords de grenelle, ni la COP 21 — dont Macron se targue d’être le leader — soutenez la réforme du gouvernement. « Make our planet great again » ne devrait pas rester un vain mot. D’une part, l’ouverture à la concurrence du fret dans le transport de marchandises depuis 2006 n’a pas permis d’augmenter l’activité ferroviaire, qui ne représente que 10 % du transport de marchandises. D’autre part, l’augmentation des prix des tickets et des abonnements, comme ça a pu être le cas en Angleterre et en Allemagne, entrainerait inéluctablement un report modal du ferroviaire vers le routier, plus accidentogène et plus polluant. Aujourd’hui, 9 tonnes de marchandises sur 10 circulent sur les routes, par des moyens bien plus polluants et, si rien ne change, on assistera à un doublement du nombre de camion sur les routes à l’horizon 2050.
L’État est responsable de l’endettement de la SNCF
Par ailleurs, L’État — et non les cheminots — est responsable de l’endettement de la SNCF. Comme le souligne ironiquement Bernard Thibault : « la SNCF est curieusement la seule entreprise où l’on demande aux responsables à l’origine des échecs de définir des mesures pour en sortir. La ministre des Transports Élisabeth Borne, pendant des années à la direction de la stratégie de la SNCF, au côté de son PDG, a assurément toute l’expertise pour expliquer pourquoi elle s’est trompée ! » Il poursuit : « Accuser les cheminots d’être responsables du désastre des politiques publiques est un comble. » Quelle est donc la logique de ceux qui pointent du doigt de soi-disant « privilégiés » que l’on ne peut licencier d’un claquement de doigt quand, parallèlement, d’autres bénéficient d’avantages fiscaux au titre des « grandes fortunes » ? Bernard Thibault conclut : « Il est des grèves qui portent l’intérêt général, d’où jaillit la lumière, et ce n’est pas en cet anniversaire de celles de 1968 qu’on pourra nous dire le contraire. »
La reconquête de la démocratie est en jeu
Dans son discours gare de Lyon en soutien aux cheminots en 1995, Pierre Bourdieu avait saisi toutes les problématiques encore d’actualité aujourd’hui : « Cette noblesse d’État, qui prêche le dépérissement de l’État et le règne sans partage du marché et du consommateur, substitut commercial du citoyen, a fait main basse sur l’État. Elle a fait du bien public un bien privé, de la chose publique, de la République, sa chose. Ce qui est en jeu, aujourd’hui, c’est la reconquête de la démocratie contre la technocratie : il faut en finir avec la tyrannie des « experts », style Banque mondiale ou FMI, qui imposent sans discussion les verdicts du nouveau Léviathan (les “marchés financiers”), et qui n’entendent pas négocier mais “expliquer”. Il faut rompre avec la nouvelle foi en l’inévitabilité historique que professent les théoriciens du libéralisme. »
Une inversion de sens du mot « progrès »
Une citation d’Émile Durkheim rétablit le sens du mot progrès, quelque peu perverti ces dernières années : « Le progrès semble consister à réclamer, pour l’employé privé, un peu des garanties et de la stabilité dont jouit l’employé public et non à introduire dans les emplois publics l’anarchie qui règne encore trop dans l’ordre économique. » (Émile Durkheim, « Libres entretiens pour la vérité », 1908, in Textes, Tome 3 : « Fonctions sociales et institutions », p. 201.)

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