En mai dernier, Emmanuel Macron annonçait que « le vaccin doit être un bien public mondial, extrait des lois du marché ». Aujourd’hui, pendant que certains malades luttent contre la covid et que le personnel soignant tente d’en sauver un maximum, d’autres spéculent sur la vie des gens.
Une industrie souffrant du virus de la finance
Le système de financement des laboratoires pousse à la course aux profits avant la santé. Les grands laboratoires ne portent plus directement la charge du développement et de la recherche, considérée trop coûteuse et trop risquée. Ils se concentrent sur la production et rachètent les innovations développées par des start-up dès que s’ouvre une perspective de marché.
La recherche prenant du temps et le capital risque étant élevé, les investisseurs imposent des retours sur investissements très importants en cas de succès de l’entreprise. Ce système exige des marges élevées d’où les prix prohibitifs de certains traitements.
La lutte contre la covid ne fait pas exception à la règle.
Alors que les coûts de production des vaccins se situent autour de 1 dollar la dose en général, Moderna et BioNTech proposent des prix aux alentours de 25 dollars la dose pour le vaccin contre la Covid-19.
Une industrie sous perfusion d’argent public
La prise de risque motivant la fixation du prix du traitement à bon dos. Jamais le développement d’un vaccin n’aura bénéficié d’autant de fonds publics dans un laps de temps aussi court. Au plus de 5,4 milliards de dollars d’argent public débloqué à travers le monde, il faut ajouter les pré-commandes des gouvernements pour s’assurer d’être approvisionnés mais dont les conditions restent opaques.
De plus, la troisième phase clinique de test des vaccins est menée par les hôpitaux publics et non par les laboratoires. Par ailleurs, les contrats excluent la responsabilité des laboratoires et imposent aux Etats, la prise en charge des conséquences des éventuels effets secondaires.
Un système qui coûte cher
Ce système pèse au final sur le budget de la Sécurité sociale. En effet, comme pour tout traitement en France, les prix négociés par la Sécurité sociale prennent en compte les coûts de la recherche, les coûts des investissements (dans les chaînes de fabrication par exemple) et les coûts de production. Or, dans le cas du vaccin contre la Covid-19, la Sécurité sociale et les états, à travers le financement de la recherche et les précommandes, financent déjà les deux premiers volets.
Il est donc insupportable que les citoyens, à travers leurs impôts et cotisations sociales, aient à payer deux fois les coûts de recherche et investissements. D’autant que d’ici quelques années, le gouvernement n’hésitera pas à imposer un nouveau tour de vis aux dépenses de la sécu au nom du remboursement de la dette qu’il a lui-même organisée.
Un manque de transparence qui créé la méfiance
Ce n’est pas nouveau, la course au rendement de l’industrie pharmaceutique au dépend de la santé, créée une défiance de plus en plus importante chez les citoyens.
Dans la lutte contre la covid, l’occasion a été manquée de rétablir la confiance en imposant une régulation publique et la transparence dans le seul intérêt du patient-citoyen.
C'est pourquoi, la CGT est engagée dans l’Initiative citoyenne européenne (ICE) « #Right2cure : Pas de profit sur la pandémie » au travers d'une pétition, pour exiger que ces questions soient débattues à la commission européenne.
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