À vrai
dire, le suspens était inexistant, tant la musique de ce collège
d’experts fait penser à un disque rayé : cette année encore ledit
rapport ne préconise pas de « coup de pouce » en plus de la
revalorisation automatique. On est d’ailleurs en droit de se demander si
le paragraphe consacré à la justification de cette décision n’a pas
fait l’objet d’un copier-coller tant les motifs invoqués sont
parfaitement identiques avec les rapports des années précédentes.
La CGT s’est habituée à la posture idéologique des experts mais, cette
fois, avec le contexte de la crise sanitaire et sociale issue de la
Covid-19, la décision prend une tonalité particulière. En effet, elle
contredit le message politique macroniste tenu depuis le mois de mars.
Emmanuel Macron n’a-t-il pas concédé, le 13 avril dernier, que les
métiers d’utilité sociale commune étaient forts mal payés ? Or, derrière
ce constat, les actes n’avaient pas suivi puisque les Accords de
Performance Collective, qui font du salaire l’ennemi de l’emploi,
avaient été mis en avant par le pouvoir. Alors même que l’activité
partielle ampute de 16 % le salaire, cette recommandation des experts,
qui est purement politique, achève de faire tomber les masques. Les
grands discours présidentiels sur le « Jour d’Après » ne seraient-ils
que de la communication politicienne ?
Alors même que, fin 2020, le pays comptera 900 000 privés d’emploi selon
l’Unedic et un million de pauvres supplémentaires, alors que le CAC 40 a
gagné 1000 points en trois semaines (depuis la création du CAC 40 les
résultats de novembre 2020 sont les meilleurs encore jamais
enregistrés), il apparaît clairement que le même logiciel délétère est
toujours à l’œuvre. La majorité présidentielle se targue d’avoir tout
mis en œuvre pour amortir le choc. Mais, force est de constater que le «
Quoi qu’il en coûte » concerne les milliards versés au Capital. Car
l’argent public, qui était réputé magique et inexistant avant la
pandémie, coule désormais pour remplir les poches des actionnaires.
Comme le montre l’exemple de Carrefour qui met, en toute impunité, 82 %
de ses salariés en Activité Partielle, alors qu’au 3ème trimestre
l’enseigne a fait un chiffre d’affaires record. En revanche, les
salaires en général et le Smic en particulier resteront le parent pauvre
des politiques publiques.
Remarquons, encore une fois, qu’une hausse substantielle du Smic a été
décidée ces dernières années en Espagne, au Portugal, en Allemagne,
malgré les dénégations mensongères des experts. Et, rappelons que, dans
cinq pays de l’UE, le Smic est plus élevé qu’en France. La mauvaise foi
des experts les amène à trouver des justifications alambiquées pour se
sortir de l’ornière face à cette réalité, en nous expliquant que «
comparaison n’est pas raison », alors même que les comparatifs européens
sont toujours prisés par les libéraux, quand il s’agit d’étayer une
régression sociale en France.
Cette année, plus que jamais, le Gouvernement doit faire le choix
d'augmenter significativement le Smic. Se limiter à la seule
revalorisation automatique serait inacceptable. La CGT portera haut et
fort l’exigence d’un Smic à 1 800 euros, y compris dans des
mobilisations.
Montreuil, le 2 décembre 2020
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