« La décision a été prise par le gouvernement de ne pas fournir de masque à l'ensemble des élèves, alors que le masque sera obligatoire pour les enfants de plus de onze ans. C'est inadmissible. Ce qui nous agace encore plus, c'est que le ministre [Jean-Michel Blanquer]nous explique que ce n'est pas une question d'argent, mais que c'est une question de principe. Qu'il faut responsabiliser les gens. C'est incompréhensible », déplore Patrick Désiré, secrétaire général de l'Unsen-CGT Educ'cation.
« Pour des familles modestes, c'est un coût réel. C'est un transfert de charge à la collectivité qui n'a pas lieu d'être. » Selon les estimations d’associations de consommateurs, pour une famille de quatre personnes, le budget pour des masques est compris entre 100 et 300 euros par mois, selon le type de masques. Si l’allocation de rentrée a bien été augmentée de 100 euros par élève, ce budget ne sera pas suffisant pour fournir des masques aux enfants tout au long de l’année.
Alors que plusieurs organisations syndicales demandaient le report de la rentrée, Jean-Michel Blanquer s'est exprimé le 21 août au JT de France 2. « Nous sommes pédagogiquement prêts », a t-il déclaré. « C'est encore une rodomontade. Le ministre avait annoncé qu'il y aurait une continuité pédagogique au moment où on a confiné les élèves, malheureusement, l’expérience a montré que ce n'était pas tout à fait le cas. Il avait également fait une sortie tonitruante sur les vacances apprenantes, les taux sont très inférieurs aux ambitions initiales », explique Patrick Désiré.
« La rentrée va avoir lieu parce qu'il ne faut pas déscolariser les jeunes. Dans les établissements, les personnels se débrouillent pour accueillir les élèves dans les meilleures conditions possibles, mais ce n'est surement pas le ministre qui donne les moyens ou qui a mis en place un plan particulier pour rendre possible la rentrée ». Aucune mesure concrète ne semble avoir été prise pour lutter contre le décrochage scolaire, qui a explosé pendant le confinement.
En moyenne, 20 % d'élèves se sont désengagés de leur scolarité, pendant cette période, et ce chiffre atteint 30 % en collège REP et en lycée professionnel, selon une enquête menée par l'association Synlab. « Sur le plan pédagogique, les moyens restent indigents et ne permettent pas de remédier aux retards accumulés et aux inégalités que la crise a mises en exergue, tout particulièrement dans la voie professionnelle », observe la CGT Educ'Action.
La crise du coronavirus rend plus pressante la question des effectifs, alors que dans certaines académies, le nombre d'élèves par classe explose. « Dans notre département (le Rhône), aucun moyen supplémentaire n’a été prévu pour cette rentrée. Au contraire même, les augmentations d’effectifs par classe ont été maintenues dans le secondaire, notamment dans la voie professionnelle où les effectifs passent de 24 à 30 en industriel et de 30 à 32 en tertiaire, alors que les élèves ont déjà perdu des dizaines d’heures de formation pratique du fait de la réforme Blanquer et du confinement. »
La CGT revendique de nouveaux recrutements en masse pour pouvoir scinder des effectifs de classe et offrir des conditions d'enseignement sereines.
« Dès juin, les organisations syndicales ont voté à l'unanimité pour que l'ensemble des 8 000 personnels admissibles soient titularisés, mais seulement 4 000 l'ont été. Le ministre n'a pas tenu compte de cette revendication pour des raisons budgétaires », expose le secrétaire général de l'Unsen-CGT Educ'cation. Dans le second degré, il est prévu 440 suppressions de poste, alors que les établissements s'apprêtent à accueillir 30 000 élèves supplémentaires.