Enjoignant
le gouvernement à faire preuve de plus de fermeté à l’égard d’ « un
certain antiracisme », « de l’islamisme et des hordes de banlieue », cet
appel décrit un pays qui serait au bord de la guerre civile et se
termine sur une menace d’intervention des forces armées « dans une
mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de
sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national ».
Ce texte est cosigné par plus d’un millier d’autres personnes dont les noms ont été publiés avec leurs grades militaires.
Vendredi 23 avril, la présidente du Rassemblement national (RN) a salué
le « courage » des auteurs de cette lettre ouverte et les a appelés à la
rejoindre, dans le cadre de sa campagne présidentielle.
Ce n’est que dimanche 25 avril, dans la soirée, que la ministre de la
Défense a réagi, qualifiant ce texte séditieux d' « irresponsable » et
en minimisant sa portée, au motif que cette initiative serait limitée à
des militaires retraités.
Pour la CGT, cette menace publique de putsch revêt un caractère d’une
exceptionnelle gravité. La neutralité de l’armée et sa subordination au
pouvoir civil sont des principes républicains avec lesquels il ne peut
être question de transiger. Les forces armées ont un rôle de défense et
de maintien de la paix et ne doivent, en aucun cas, intervenir dans la
vie politique. La réaction de la présidente du RN confirme d’ailleurs
combien son idéologie est antinomique des fondements de notre
République.
Le développement des thèses d’extrême droite au sein des forces armées appelle une réaction forte.
Cette affaire confirme la nécessité de renforcer le contrôle citoyen des
domaines touchant à la défense. La CGT souligne, à ce propos, que le
Conseil supérieur de la réserve militaire, au sein duquel elle siège,
n’est plus réuni à la fréquence prévue par les textes. Il s’agit
pourtant d’un lieu essentiel d’intervention citoyenne et de
l’indispensable lien Armée-Nation. C’est à ce même titre que la CGT se
prononce pour que le droit à la syndicalisation dans un cadre confédéré
soit reconnu pour les militaires.
Les autorités exécutives et judiciaires doivent d’urgence diligenter les
enquêtes et procédures qui s’imposent concernant ce réseau subversif
d’extrême droite, ses possibles ramifications au sein des forces armées
et ses liens avec des forces politiques, au premier rang desquelles le
Rassemblement national.
Fidèle à son combat pour la démocratie, indissociable de la lutte pour
la défense des intérêts des travailleuses et travailleurs, la CGT
appelle à la vigilance et à poursuivre les mobilisations contre le
racisme et les idées d’extrême droite.
Montreuil, le 26 avril 2021