Dans cette assemblée étonnamment
bruyante pour un moment aussi formel, le premier ministre a confirmé
qu’il ne changerait pas de cap : poursuite des cadeaux aux entreprises
et particulièrement aux grands groupes, protection des actionnaires et
de leurs dividendes, sans apporter aucune réponse à celles et ceux qui,
quotidiennement comme durant la crise sanitaire, ont œuvré avec courage
et abnégation au bon fonctionnement de la nation.
Malgré 100 milliards d’euros dédiés au « Plan de relance », aucune
mesure salariale n’est envisagée pour les « bas salaires », alors que le
gouvernement pourrait décider sans attendre de l’augmentation du SMIC
et des minima sociaux.
Les aides aux entreprises et autres allègements de cotisations
sociales ne sont soumis à aucun contrôle, aucune exigence de devoir
rendre des comptes... juste une « invitation » à modérer le versement de
dividendes aux actionnaires !
Aucun soutien à la hauteur des enjeux pour l’industrie, comme le
propose la CGT, notamment dans les domaines de l’imagerie médicale, de
la fabrication de bouteilles d’oxygènes, du tri et du recyclage, de
l’aéronautique, etc...
Pour réduire les inégalités et les déficits publics, il faut, tout au
contraire, travailler moins pour travailler tous, en opposition à la
baisse du pseudo « coût du travail » et du « travailler plus ». La CGT
revendique le passage aux 32h et l’augmentation générale des salaires.
L’annonce d’un nouvel acte de décentralisation au travers d’un projet
de loi « organique » est sans doute la seule annonce véritable de ce
discours convenu. Il conviendra de conjuguer les spécificités
territoriales, tout en maintenant un des principes fondateur de notre
République « une et indivisible ».
Pour ce qui est de la forme, le premier ministre dit faire de la
concertation et de la négociation sociale sa méthode. Il renvoie dès ce
vendredi à une « Conférence sociale » afin de convenir d’une méthode et
d’un calendrier de discussions et de négociations dans le cadre de la
mise en œuvre du « Plan de relance ». Pêle-mêle, y seront abordés les
questions d’un « Plan pour la jeunesse », la réforme de l’assurance
chômage, la création d’une 5ème branche de la Sécurité Sociale, le
partage de la valeur dans les entreprises (intéressement et
participation). La CGT y participera et présentera, de nouveau, ses
propositions et revendications.
La CGT porte des propositions, notamment :
- Augmentation du SMIC et des minima sociaux,
- Contrôle des aides publiques aux entreprises et conditionnement des aides au maintien et au développement de l’emploi,
- Mise en place de filières industrielles et réappropriation de secteurs stratégiques et de recherche,
- Renforcement des moyens pour la fonction publique et les entreprises publiques, arrêt des privatisations,
- Sécurité Sociale Professionnelle...
Concernant le projet de réforme des retraites, l’annonce de la
suppression des « régimes spéciaux » est caractéristique de la non prise
en compte de la mobilisation sociale historique de fin 2019 / début
2020.
Même s’il est contraint de temporiser son projet de réforme
systémique, le gouvernement vise à la poursuite «quoi qu’il en coute »
de son projet de réforme des retraites alors même que toutes les
organisations syndicales de salarié-e-s comme patronales ont demandé à
ne plus mettre cette question dans l’agenda social.
Elément politique surprenant pour quelqu’un qui se dit héritier d’un «
gaullisme social », le lien fait entre les questions de la laïcité, la
lutte contre l’Islam radical et les violences dans certaines villes et
lors de manifestations publiques... la CGT dénonce cet amalgame et ce
virage sécuritaire qui va à l’encontre des valeurs républicaines.
Montreuil, le 15 juillet 2020
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