Suivant, à la lettre, la déclaration du Président
« on dépense un pognon de dingue », le plan pauvreté, comme tous ceux
qui sont mis en œuvre depuis des années, déclare vouloir faire mieux
avec moins.
On connaît déjà l’efficacité de ce type de plan.
De quoi parle-t-on ?
En France, est considéré comme pauvre tout individu vivant dans un
ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian
(1 015 euros par mois pour une personne isolée en 2015). Cela
représente 14,2% de la population française.
Parmi cette population pauvre, 1/3 sont des salariés.
Pour ceux-là, le gouvernement ne prévoit rien. La CGT propose d’engager
partout des négociations salariales, d’augmenter le Smic immédiatement à
1 800 euros, d’agir pour l’égalité professionnelle femme/homme et de
sanctionner les employeurs qui imposent le temps partiel à ses salariés.
Parmi cette population pauvre, il y a les privés d’emploi dont 1 sur 2
n’est pas indemnisé ; et le gouvernement et le patronat envisagent
encore d’économiser 1 à 4 milliards sur les allocations.
Parmi cette population pauvre, il y a un tiers d’enfants. Si nous ne
pouvons que nous féliciter de l’annonce de 30 000 postes de crèche (si
les aides aux départements sont effectives, ce qui n’est pas le cas
actuellement), un verre de lait au petit-déjeuner ne suffira pas à
transformer un système éducatif qui accentue les inégalités sociales
alors qu’il devrait les réduire.
Parmi les 8,8 millions de pauvres, 1 million sont des retraités.
Pour ceux-là, M. Macron leur a dit de se serrer la ceinture.
La CGT propose que les pensions de retraites soient immédiatement augmentées et indexées sur le salaire moyen.
Parmi cette population pauvre, il y a les bénéficiaires du RSA.
Là aussi, 1/3 de ceux qui y ont droit n’engagent pas la démarche pour en bénéficier. Il faut y remédier.
Le gouvernement entend regrouper l’ensemble des minimas sociaux y
compris l’APL, dans un revenu universel d’activité (sans donner le
montant) qui serait supprimé, si le bénéficiaire refuse à 2 reprises une
offre d’emploi.
On connaît déjà le résultat d’une telle approche. Elle oblige le
bénéficiaire à accepter n’importe quel boulot et donc l’éloigne de
l’indispensable épanouissement que chacun doit avoir au travail et,
surtout, elle permet de tirer vers le bas les salaires et les conditions
de travail de tous les autres salariés.
Pour un meilleur accompagnement des bénéficiaires du RSA, il ne faut
pas, dans un même temps, envisager de supprimer 2 100 conseillers CAF
d’ici 2022, de nombreux conseillers pôle emploi (la ministre n’ose pas
annoncer le chiffre) et 50 000 fonctionnaires, notamment dans la
fonction publique territoriale, qui est au cœur du dispositif de
proximité. Il faut donc, au contraire, renforcer les moyens des services
publics et des associations qui agissent, au quotidien, pour répondre
aux besoins urgents des populations.
La CGT exige non seulement que les emplois soient maintenus mais aussi augmentés à hauteur des missions nécessaires.
Enfin, 1/3 de la population pauvre sont les jeunes de 18 à 25 ans. Pour
eux, le gouvernement a déjà baissé les APL et renoncé à encadrer les
loyers alors que ce secteur de dépense représente, pour certain, 60% de
leur budget.
La CGT, avec les organisations de jeunesse, entend agir le 9 octobre et
les prochains jours pour que ceux qui représentent l’avenir de notre
pays ne soit pas sacrifiés. Fort de l’annonce de multiplier par 5 le
nombre de bénéficiaires de la garantie jeune, nous devons poursuivre
notre bataille pour sa généralisation et, surtout, que les moyens soient
donnés aux missions locales pour y répondre correctement.
Les bénéfices du CAC 40 ont explosé en 2017 avec 94 milliards d’euros.
Les aides et exonérations aux entreprises sont de 230 milliards d’euros
chaque année, sans aucun contrôle.
Il y a un pognon de dingue pour éradiquer la pauvreté.
C’est sur cette base que la CGT présentera ses propositions le 17 octobre prochain, journée mondiale de refus de la misère.
Montreuil, le 13 septembre 2018